Oct 18, 2007

"La petite pilule rouge"

La petite pilule rouge





Il était une fois une jeune fille, la plus pâle qu'on eût su voir ; sa mère était en cure de désintoxication et son frère habitait dans une usine désaffectée. Cette jeune fille vivait dans les bas fonds de la ville, et en faisait partie intégrante. Elle était le dealer le plus réputé des environs. Tout le monde la respectait, et elle prospérait sous le nom de RED. Un jour de pluie fine, son frère lui téléphona, il désirait la fameuse pilule. C'était une pilule qui faisait apparaître des séries de tâches rouges dans la vision de ceux qui en prenaient. On les comparait à des coquelicots, c'est pourquoi on la baptisa la petite pilule rouge. RED devait retrouver son frère dans l'usine de banlieue où il vivait. Un tel commerce était dangereux, c'est pourquoi elle décida de mettre sa petite pilule rouge dans une de ses bagues et de s'y rendre par le métropolitain de quatre heures trente neuf, quand les passagers s'éclipsaient des wagons inondés de graffitis et d'une odeur âcre. Un casque sur les oreilles, la pluie fine et interminable à peine évitée par une capuche rouge relevée sur le milieux du crâne, RED avançait dans les rues de la ville déserte. Elle n'avait plus que quelques mètres à faire pour entrer dans les couloirs de la station de métropolitain quand elle se fit interpeller par un policier. La lumière d'un lampadaire agonisant pétillait sur son visage et le rendait énigmatique. Le brigand bleu aboyait sans sonorité sur une musique psychédélique. Lorsqu'elle se débarrassa nonchalamment de son casque, RED l'entendit solliciter ses papiers « ...c'est imprudent de se promener seule en pleine nuit... ». Elle obtempéra. Dès qu'il consulta la carte d'identité qu'il tenait entre ses mains, l'agent WOLF changea de visage au même moment que choisit le lampadaire pour s'éteindre définitivement. WOLF permit alors à RED de descendre prendre le métropolitain. Ce qu'elle fit, intriguée par le personnage louche qu'elle venait de rencontrer. Pendant qu'elle attendait l'arrivée du métro, WOLF appela du renfort. Il avait décidé de prendre RED en flagrant délit de deal. Elle ne le savait pas, mais elle avait été suivie par ce policier pendant plusieurs mois, sans qu'il ne réussisse à l'incarcérer, ce qui lui avait valu sa notoriété. WOLF continuait à la suivre quand il ne travaillait pas. C'est lorsqu'il vit la photographie de la carte d'identité de RED qu'il comprit que ce sous cette capuche rouge se cachait le plus grand dealer du secteur. Elle arrivait dans la rue de l'usine désaffectée quand elle s'arrêta pour incendier la feuille qui contenait le tabac pendant au bout de ses lèvres. C'est à ce moment qu'elle sentit une présence dans cette rue brumeuse et inoccupée.





Bien auparavant, WOLF était arrivé avec son équipe pour mettre son plan en place. Il garantissait au frère de RED qu'il n'y aurait pas de poursuite contre lui s'il voulait bien coopérer. Les drogués s'associent facilement aux policiers quand il est question de liberté. Il était quatre heures trente deux quand elle frappa à la porte métallique. Son frère lui demanda pourquoi on le dérangeait, elle lui répondit par l'expression qu'ils utilisaient pour prévenir d'un deal : « Je tire la chenillette et la barbichette fumera ». Elle entra, tremblant légèrement de froid et d'effroi. Son frère l'attendait sur un canapé troué, dont quelques ressorts dépassaient. Il avait l'air bizarrement impassible. RED s'assit. Ils ne dirent rien pendant un moment, quand elle se tourna vers lui, « Tu me sembles assez stoïque... Qu'est-ce-que tu as ? » son frère lui répondit qu'il avait prit une pastille qui éthérisait terriblement. Tranquillisée, RED se roula une cigarette. Elle l'alluma et lui tendit, sans mots, la petite pilule rouge quand quatre policiers se jetèrent sur elle. WOLF lui mit les menottes aux poignées. Il était quatre heures quarante neuf.

Et RED et son frère vécurent incarcérés et prirent perpétuité.



Fin.